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Aux éditions l'Age d'Homme
2006

Tout savoir du monde


Dans une de ses pertinentes chroniques, Marcel Aymé prenait pour un fait que  " les belles bibliothèques se trouvent plus facilement chez un marchand de cochons que chez un artiste (In écrits sur la politiques 2003,  1943, Trois illustrateurs montmartrois). Bien entendu, il exagérait, comme souvent il aimait le faire quand il tenait à marquer les esprits ou à dénoncer le "confort intellectuel". Mais peut être pas autant qu'on serait tenté de le croire de prime abord.

Depuis de nombreuses années, j'ai pour ma part toujours été frappé par le peu d'intérêt que la très grande majorité des homme de lettres accordent aux beaux livres et, d'une manière générale, à la bibliophilie. C’est à peine - oui, à peine - s'ils savent ce que le mot signifie, à peine s'ils soupçonnent ce qu'il recouvre et, à plus forte raison, ce qu'il cache. Et c’est à peine s'ils sont sensibles à la qualité d'une mise en page, à la beauté d'une impression typographique, à l'élégance d'un papier filigrané, au charme d'une illustration en noir et blanc ou en couleur.

Chaque fois que ce vaste sujet est évoqué, une anecdote me vient à l'esprit. On était en 1975 et une anthologie que je préparais m'avait permis de faire la connaissance de Jean Muno. Bien qu'il eût alors cinquante et un ans et qu'il eût pu être mon père, je m'étais assez rapidement lié avec lui. On commençait à se voir régulièrement, on se téléphonait chaque semaine, on parlait de littérature et, surtout, de l'art de la narration - cette chose qu'on ne saurait trop définir et qui allaient bientôt devenir le sujet favori de nos captivants conciliabules. Et déjà, plus je lisais ses romans, ses nouvelles et ses contes, plus je les appréciais, plus j'avais la conviction qu'ils sortaient du lot et que Jean Muno, lui, était un écrivain des plus attachants et des plus remarquables, un fantastiqueur tour à tour désabusé et ironique, virulent et drôle, dans la lignée des autres grands représentants de l'école belge de l'étrange, Jean Ray, Michel de Ghelderode, Franz Hellens, Marcel Thiry, Thomas Owen, Gérard Prévot ...

C’est je pense, un des principaux moteurs de la bibliophilie, un des premiers stimuli du bibliophile: la passion qu'on éprouve pour un auteur, le profond, l’enthousiasmant plaisir qu'on ressent lorsqu'on se laisse guider par lui et qu'on va progressivement, à la découverte globale de son oeuvre (....) 
 

Tag(s) : #Galerie de la bibliothèque de l'amateur de livres, #Bibliophilie
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